Les tribulations d'amateurs d'étoiles en montagne

Du 17 au 19 mai 2007

Jeudi 17 mai 17h15 après de longues hésitations au sujet de la météo, face à des nuages bas incrustés sur tout le grand sud ouest et un flux de nord , il était tout indiqué de partir vers l'extrême sud est abrité des premiers massifs . Nous avions chargé la voiture et la petite remorque, et avons pris la direction de Perpignan, car les sites  du col de Pahières 2000m de celui de Puymorens 2150m et de la borne 504 (2200m et la mieux placée) risquaient d'être sous les nuages, la partie supérieure devant être à 2500m 3000m 

J'avais repéré plusieurs coins dont le plus à l'est au sud d'Amélie-les-bains en passant par Corsavy et suivant la sinueuse D43.

 Nous sommes arrivés peu avant 20h tout au bout de la route devant deux bâtiments abandonnés, il y avait du vent bien que nous étions protégés par le Canigou en haut duquel il devait faire un temps de chien ;-)   Le ciel était mitigé, mais le premier problème rencontré fut d'un autre ordre . En manœuvrant il y eut un léger choc au niveau de la remorque et en allant voir je fut consterné face à la roue couchée avec la remorque dessus  ! l'axe de la roue était mort , jamais vu cela et je ne sais par quel miracle cette dernière n'était pas partie. Romuald n'étant pas d'accord pour parcourir les 30km qui nous séparaient du premier garagiste en courant tout en soulevant le coté droit de la remorque (pas coopératif de bougre!) nous avons dû, le lendemain, charger méthodiquement la voiture afin d'arriver à tout mettre et laisser la petite remorque sur place .

Le choix du lieu d'observation fut délicat à cause du vent. Une fois installés tout contre le bâtiment coté sud, il a fallu nous rendre à l'évidence: les nuages devaient se bloquer coté nord, à quelques km de nous et des cirrus se reformaient justes au dessus de nous le sud étant voilé!!! comme l'explique l'annexe 1 tout en bas de cette page.  Donc le ciel était dégagé du zénith vers le nord , comme j'ai pu le constater en montant un peu au dessus, mais avec un vent qui n'aurait même pas permit d'observer même avec des jumelles sur pied.

    

Nuage lenticulaire en pile d'assiette (Photos Romuald Coutenceau)

S'il fallut jongler entre les nuages en première partie de nuit, ensuite le ciel se dégagea en totalité sauf au sud (comme sur la photo-ci dessous) avec une très bonne transparence mais une forte turbulence due au régimes d'écoulement (ici type 1 voir annexe en pas de page) .  Au dessus de la Preste (après Prats de mollo) il y a une route forestière qui mène au "Puig de la collada verda "il semblerait que l'on puisse accéder à 2250m mais c'était plus à l'ouest vers les nuages, alors nous avons préféré aller moins haut et avoir plus de chances d'éviter les nuages. Mais à quelques dizaines de km près c'est une question de chance, à moins de connaître à fond les effets du relief local sur les nuages!.

A gauche, la voie lactée, M8, plus bas M7 et M6, au centre Jupiter et le Scorpion, à droite en bas, les lumières , mises en valeur par les nuages, de la région de Barcelone située à 100km au SSO.

Au matin après un court somme, nous avons fais un petit tour au dessus ou l'on trouve les traces supérieures de la mine qui, elle, est sous terre en profondeur. le vent était tel que la marche était difficile. Reprenant la route belle mais sinueuse menant à la borne 504 nous y avons croisé, à la fin, un grand cerf à 15-20m de nous, tout surpris de nous voir là (pourtant cette route forestière menant d'Osséja à ladite borne frontière est relativement fréquentée) arrivés au sommet le ciel était clément mais le vent du nord toujours présent bien que faiblissant.

En fin d'après midi David est arrivé avec sa fille cadette et nous avons décidés de nous placer un peu en dessous de la borne 504 profitant d'un enclos pour y fixer des bâches au cas ou le vent du sud qui se levait se renforcerait (ce qui ne fut pas le cas)

Notre installation adaptable en quelques minutes à tous vents!

 

    

 

Mais les nuages orageux venant du sud devenaient inquiétants, durant quelques instant nous étions même plongés dans l'un d'eux, Heureusement cela s'améliora peu à peu au coucher du Soleil. Bruno nous à rejoint alors et les observations ont pu commencer 

 

 

 

 

 

 

En début de nuit Vénus, la lune et les nuages offraient un spectacle changeant.  

 

   

Peu après un flash iridium Magnitude -8 , atténué par les nuages fit son apparition brève (photo Romuald) 

     

 Par la suite la nuit s'écoula avec des périodes aux éclaircies plus ou moins importantes, nous laissant toujours des possibilités d'observation avec, à certains moments, une excellente transparence, et toujours une turbulence exceptionnellement faible due au régimes d'écoulement

 (ici type 1 voir annexe en pas de page)

Cela m'a permis de réaliser ce dessin de la nébuleuse planétaire ngc 6903 à 813x.

 

 

 

 

    En seconde partie de nuit Jupiter, plein sud offrait de très nombreux détails encore net à 813x et malgré sa hauteur actuelle très faible (scorpion) fatigué et impressionné par le foisonnement d'infos je ne me suis pas lancé dans un dessin. A y réfléchir j'aurais du faire une bande par exemple.

 

 

 

 

Réveillé avant le lever du Soleil j'ai apprécié le spectacle des paysages. Un peu plus tard il y eut deux montgolfières qui profitaient de cette période calme pour prendre l'air. (photo à l'oculaire des jumelles 12x60)

  

En redescendant durant la matinée vers la plaine, je pensai au bilan de ce site d'altitude. Si en terme de turbulence il a parfaitement fait ses preuves cette nuit là avec un léger flux de sud et si -par bonnes conditions- les 2200m garantissaient une bonne transparence, quid de la position par rapport aux zones de pollution lumineuses au nord et celle de Barcelone certes à 100km au sud mais bien plus importante que celle de Toulouse par exemple. Un tel endroit en terme d'altitude d'accès et d'équipements (enclos) situé à 50km plus vers l'ouest au sud de st Girons dans une zone peu peuplée par exemple, serait idéal. 

J'ai trois sites en tête à tester dans cette zone.

Emmanuel Pélegrin 26 mai 2007

 

ANNEXE 1 Nuages orographiques Leur forme diffère suivant le relief :

Pour une colline ou une montagne isolée

les nuages prennent la forme d'une collerette entourant la montagne d'un capuchon coiffant son sommet. Par vent fort, le nuage prend l'aspect d'une bannière qui flotte : on parle de 'montagne qui fume'. Ces nuages ne sont jamais accompagnés de précipitations.

 

 

 

On parle d'effet de FOEHN. Ce terme n'est employé que s'il y a des précipitations du côté de l'ascension de la masse d'air. L'eau ainsi perdue n'est plus disponible au versant sous le vent et cela se traduit par un assèchement de la masse d'air (par compression) et un gain de température pouvant aller de 5 à 10°C en raison de la différence entre le gradient de l'air sec (environ 1°C/100 mètres) et le gradient de l'air saturé (environ 0,5°C/100 mètres).

Sur le versant au vent, on observe des nuages de grande étendue horizontale et verticale pouvant donner lieu à des précipitations (corps orographique) parfois exceptionnelles comme 800 mm en 24 heures au Canigou en 1940 ou 400 mm dans la vallée de Salat en 1982.

Sur le versant sous le vent, observés vers la montagne, les nuages prennent l'aspect d'une vaste muraille appelée 'mur de foehn'. Quand ils sont observés à l'opposé de la montagne, ce sont des 'nuages d'ondes' d'aspect lenticulaire (lenticularis) s'empilant parfois en 'pile d'assiettes' (duplicatus). Ils se forment au sommet des ondes déclenchées par le relief

 

Ces ondes donnent lieu à deux types de régimes d'écoulement distincts :

  1. un régime assez turbulent dans les couches inférieures avec existence de rouleaux de convection ou 'rotors'. Si les conditions le permettent, il y a formation de Stratocumulus dits 'turbulents' typiques de nuage de rotor et d'Altocumulus lenticularis au sommet de l'onde

  2. un régime laminaire (rectiligne) dans les couches supérieures avec éventuellement formation de Cirrus

 

L'extension verticale des ondes peut aller jusqu'à 20 km et l'extension horizontale peut s'étendre sur quelques centaines de kilomètres en aval du relief. Certaines images satellites montrent l'extension de Cirrus et Altocumulus formés sur les Pyrénées par un flux de Sud (à l'avant d'une perturbation) pouvant aller jusqu'au Danemark ! De même, il arrive en moyenne une fois par an qu'un immense Altocumulus lenticulaire recouvre toutes les Pyrénées en même temps.

http://www.metweb.fr/comprendre_meteo/nuages/comprendre_nuages_autres.htm

http://www.frederic-poncet.com/

 

 

 

Sur cette image on voit les nuages se former au nord des Pyrénées Dans un flux de sud une bande de quelques km sur les Pyrénées peuvent offrir de bonnes conditions

L'œil de la dépression est juste 300km au nord du NO de l'Espagne